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Avez-vous déjà remarqué qu’un bébé nouveau-né était capable de produire des mouvements pour trouver le sein sans même être guidé ou qu’il pouvait faire un mouvement très brusque en ouvrant les bras? Ce phénomène entourant ces mouvements spontanés s’explique par les réflexes primitifs.

Qu’est-ce qu’un réflexe primitif ?

À la naissance, une partie du cerveau du nourrisson est déjà développée et fonctionne pour assurer la survie de celui-ci dans son nouvel environnement. Lors du développement intra-utérin, de nombreuses cellules nerveuses, soit les neurones, forment des connexions pour constituer des boucles réflexes s’exprimant de façon involontaire. Aucune commande n’est donc donnée par le cerveau du bébé.

Qu’en est-il de leur utilité ?

Les réflexes primitifs :

  • Permettent d’identifier une problématique neurologique à naissance et aux cours des prochains mois du développement du système nerveux central.
  • Assurent les besoins de base du nourrisson.
  • Permettent d’explorer spontanément l’environnement en réponse aux stimuli. Par exemple, le mouvement vers l’odeur du lait maternel dès la première heure de vie.
  • Facilitent l’acquisition de la force des muscles nécessaires aux mouvements volontaires lorsque les réflexes sont stimulés adéquatement. Par exemple, une stimulation tactile d’une main posée sur le dos de BéBé couché sur le ventre peut permettre de relever davantage la tête de celui-ci.

Quels sont les réflexes primitifs et à quel moment sont-ils présents ?

La plupart des réflexes primitifs vont s’atténuer à différentes périodes de maturation du cerveau.

Le premier réflexe à disparaître est au alentour d’1 mois et demi :

  • Réflexe de marche automatique: lorsque tenu en position debout, Bébé fait des mouvements en succession ressemblant à des pas en réponse à un contact de la plante de ses pieds au sol.

Une majorité des réflexes vont diminuer vers 3-6 mois:

  • Réflexe de Moro: Lorsque la tête de Bébé va vers l’arrière, par exemple l’action de le déposer dans le berceau, il écarte les bras et les jambes et par la suite, les referme sur lui-même.
  • Réflexe de succion et d’avalement: Déjà présent à la 15 semaine intra-utérin. Le tout petit tète lorsque quelque chose stimule sa bouche.
  • Réflexe de points cardinaux : Lors d’une stimulation tactile près de la bouche ou de la joue, il oriente son visage en ouvrant celle-ci vers la source du stimulus.
  • Réflexe tonique asymétrique du cou: Lorsque Bébé tourne la tête, il allonge le bras et la jambe du côté de la rotation et fléchit ses membres du côté opposé.
  • Réflexe d’agrippement palmaire: Lors d’une stimulation tactile faite dans sa paume de main, Le tout petit referme la main. Celui d’agrippement plantaire, consistant à fléchir les orteils pour agripper le sol, quant à lui, va plutôt disparaître vers 10-12 mois.

Il existe aussi des réflexes, dites secondaires, qui apparaîtront plus tard vers 3-4 mois et d’autres qui vont se manifester de façon séquentielle durant la première année de vie:

  • Réflexe de redressement optique : Lorsque Bébé est incliné sur le côté, il redresse la tête de côté pour ajuster le regard et le garder à l’horizontale. Il sera présent jusqu’à 5 ans
  • Réaction de landau: En suspension ventrale ou sur le ventre, la tête se relève, le tronc et les quatres membres pour ressembler à un avion. Il sera utile jusqu’à 10 mois.
  • Réaction de protection des membres supérieurs: Lorsque son poids est déplacé en dehors de sa stabilité, Bébé se protège vers l’avant (vers 6 mois), sur les côtés (vers 8 mois) et vers l’arrière (vers 10 mois).

Comment les réflexes se transforment-ils en mouvements volontaires ?

Voici quelques théories qui semblent expliquer cette maturation nécessaire du cerveau:

  • L’évolution des réflexes utilisés au préalable en réponse à plusieurs stimuli vers l’action volontaire en coordination avec plusieurs système du corps. Notamment, le réflexe d’agrippement se modifie en une variété de mouvements volontaires du bras afin de saisir, de lancer ou de supporter.
  • Le développement de l’activité de deux groupes de muscles s’opposant dans leur fonction. Comme, les muscles fléchisseurs du tronc et les muscles extenseurs du tronc travaillant de pair afin d’assurer un bon contrôle postural.
  • La maturation des mouvements spontanés intra-utérin vers la sélection du mouvement le plus approprié extra-utérin et disponible selon une tâche donnée.

Un exemple de la transformation des réflexes en mouvements volontaires serait l’action de marcher. La marche n’est pas acquise avec les réflexes primitifs, mais par une organisation complexe du cerveau. L’intégration sensorielle, la réponse appropriée du cerveau, le contrôle volontaire sur les articulations inférieurs ainsi que les interactions des différents systèmes décrits plus hauts sont nécessaires à produire ce fabuleux mouvement bipède.

Un second exemple serait le développement de la force des extenseurs du tronc et de la tête pour contrer la gravité lors de la position ventrale pour ensuite évoluer vers un contrôle actif de la tête et du haut du tronc en position assise et pour finir, celui de toutes les articulations ainsi que la totalité du tronc lors de la position debout.

Au cours des prochains mois et années, de nouvelles connexions se feront en réponse à l’environnement, au bagage génétique et à la capacité d’intégration du cerveau. Les connections de neurones non-utilisées vont disparaître puisqu’elles seront inhibées par l’action des nouvelles connections plus matures.

La maturation du cerveau du nourrisson se fait en suivant des étapes précises, du haut vers le bas du corps c’est-à-dire de la tête aux pieds et de la proximité du corps vers les extrémités des membres. L’apprentissage moteur se produit donc selon une séquence d’acquisition et non selon l’âge à laquelle le petit intègre un mouvement. C’est l’acquis en soi qui est important afin que le développement moteur globale s’exprime de façon harmonieuse. Cependant, il est quelquefois nécessaire de retravailler des séquences de mouvements lors de problématique mineur du développement.

Conclusion

À la lumière de ces informations, il serait intéressant de se questionner sur l’utilisation de soucoupes et de sauteuses permettant à Bébé d’être déjà debout ou le fait de le tenir dans cette position sur les genoux. Ces objets stimulent la partie primitive du cerveau et n’aide en rien l’acquisition plus rapide du mouvement de la marche et le renforcement des jambes lorsque Bébé pousse avec le bout de ses pied en réaction au contact du sol.

Il faut se rappeler que l’acquisition du tonus, du contrôle postural du tronc ainsi qu’une action combinée de muscles appropriés et disponibles des membres sont nécessaires afin de créer le mouvement de la marche.

Cela mentionné, l’utilité de ceux-ci est mitigée et davantage expliquée par le besoin des parents désirant faire une pause de portage dans les bras et faciliter l’exécution une tâche quotidienne qu’à favoriser le développement moteur du tout petit. L’utilisation devrait donc être fait de façon restreinte et la position de jeu à favoriser reste la fameuse position sur le ventre et ainsi, évoluer vers celle assise lorsque Bébé a davantage de tonus pour maintenir sa tête et le haut du tronc.

Références

[:fr]1. Dre Renée-Myriam Boucher, chef du Département de neurologie pédiatrique du Centre mère-enfant Soleil, CHU de Québec, Naitre et grandir, Mars 2016. 2. Suzann K.Campbell and all. Physical therapy for children 3e edition.2006. p.35-40, 78.[:]

 

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