La capsulite d’épaule, ou épaule gelée, est une condition relativement commune, consistant en l’apparition progressive de raideur et douleur à l’épaule, menant ultimement à des difficultés aux activités de la vie quotidienne (habillage, hygiène personnelle, entretien ménager, loisirs, etc.). Elle peut être dite primaire (donc apparaître « de nulle part », sans raison apparente) ou secondaire (par exemple à la suite d’une blessure au bras, d’une fracture, d’une infection et/ou post-inflammation). Quoiqu’il en soit, les mécanismes d’installation de la capsulite demeurent une condition d’origine peu comprise.
C’est une condition qui peut devenir très vite handicapante et souffrante, et jusqu’à maintenant, aucune modalité de traitement n’a été démontrée comme diminuant la durée de cette atteinte. Une capsulite, ça fait son temps; soit, en moyenne, 15-30 mois [1].
Cependant, le traitement dit « conservateur » (généralement un mixte de physiothérapie et de médication) a un excellent taux de succès pour cette condition. Environ 94% des cas guérissent sans séquelles et sans recours chirurgical [2]. De plus, de nombreuses modalités de traitement ont été démontrées comme ayant un effet positif sur les symptômes.
Autrement dit, une bonne prise en charge de la capsulite permet de :
Le terme « capsulite » réfère au mot « capsule » (donc capsule articulaire) et au suffixe « ite » (donc inflammation). L’articulation de l’épaule, soit l’articulation gléno-humérale, (entre l’humérus et l’omoplate) est une articulation dite synoviale. Toute articulation synoviale est entourée d’une capsule articulaire dans laquelle baigne un liquide, la synovie, qui contribue à nourrir le cartilage articulaire et à en favoriser une lubrification optimale.
Pour bien visualiser la capsule, imaginez un sac « ziploc » rempli de liquide, accolé aux pourtours de l’articulation de l’épaule. Ce sac est étiré et mis en tension lors d’à peu près tous les mouvements de l’épaule.
Dans le cas d’une capsulite, le sac devient inflammé et sensible à tout étirement, ce qui crée la sensation de douleur aux mouvements. Ultimement, l’inflammation crée une rigidification de la capsule (le sac « ziploc » devient un sac d’épicerie réutilisable, inextensible), ce qui explique la sensation de raideur à l’épaule.
À peu près tout le monde peut développer une capsulite dans sa vie.
Cependant, des facteurs de risque ont été identifiés. Ainsi, les chances de développer une capsulite sont plus élevées chez les gens présentant ces caractéristiques [3] :
Typiquement, on va parler de douleur à l’épaule difficile à localiser, pire la nuit (en particulier lors de l’appui direct au lit), sans perte de force identifiable. On y reconnait 3 phases, soit la phase de gel, la phase gelée et la phase de dégel [4].
Aussi appelée phase douloureuse, la phase de gel est principalement caractérisée par des douleurs importantes, lancinantes. La capsule articulaire se trouve à être en état d’inflammation à ce moment, et tout mouvement provoquant son étirement génère des douleurs.
À ce stade, l’objectif de la physiothérapie est de diminuer les douleurs autant que possible, via de l’enseignement, des mobilisations douces et différentes modalités d’électrothérapie/ thermothérapie (TENS, ultrasons, laser, chaleur, glace).
Bien qu’il soit pertinent de donner quelques exercices pour éviter l’ankylose ou prévenir une perte de force excessive, les maitres mots de cette phase, sont douceur et gestion des douleurs. Un coup de pouce médical peut être possible, surtout si les douleurs sont trop intenses, sous forme de médicaments anti-inflammatoires ou d’infiltration de cortisone.
Si le patient dort bien la nuit et parvient à vaquer à ses activités de la vie quotidienne sans trop de problème, les objectifs en physiothérapie sont atteints pour cette phase!
Aussi appelée phase raide, la douleur laisse progressivement place à une sensation de raideur. L’épaule est moins sensible, mais il est de plus en plus difficile d’aller chercher des assiettes dans l’armoire du haut et/ou de se gratter le dos. À ce moment-ci, il est possible, voire recommandé, d’aller mobiliser plus agressivement l’épaule. Le but : limiter autant que possible les pertes d’amplitudes, afin que celles-ci ne nuisent pas aux gestes de tous les jours. Ici, le renforcement musculaire se poursuit, des exercices d’étirements peuvent être donnés et le/ la thérapeute mobilise l’ensemble des articulations qui composent l’épaule.
En cas de progression insatisfaisante, un coup de pouce médical est envisageable sous forme d’arthrographie distensive (injection intra-articulaire de cortisone et d’analgésiques) dans le but d’étirer la capsule et défaire les adhérences capricieuses.
Aussi appelée phase de rémission, la douleur et la raideur diminuent progressivement, jusqu’à disparaitre. Ici, les buts en physiothérapie peuvent être variables. Il peut s’agir de simplement travailler sur les raideurs/ faiblesses résiduelles, mais aussi d’intervenir sur une condition sous-jacente (ex : tendinopathie de la coiffe des rotateurs) dans le cas d’une capsulite secondaire. L’objectif final étant de retourner à un état le plus sain possible.
La capsulite, bien que longue en terme de durée, est une condition qui évolue généralement très bien et finit par ne pas laisser de séquelles. Bien qu’encore mal comprise par rapport à son origine, les études sont catégoriques : une prise en charge multidisciplinaire et multimodale est la meilleure façon d’assurer un suivi optimal et de prévenir les faiblesses et raideurs résiduelles à long terme.
Le physiothérapeute est le meilleur professionnel pour la prise en charge de cette condition, que ce soit pour identifier la phase en cours, les meilleures modalités de traitements, les meilleurs conseils à appliquer à la maison, les choix d’exercices ainsi que pour éliminer les autres diagnostics avec profil semblable (fracture, arthrose avancée, tendinopathie calcifiante, luxation postérieure…)
Dans le doute n’hésitez pas à consulter!
[:fr][1] JOSPT-APTA Adhesive capsulitis: clinical practice guidelines 2013 [2] Vastamäki, H., Kettunen, J., & Vastamäki, M. (2012). The natural history of idiopathic frozen shoulder: a 2-to 27-year followup study. Clinical Orthopaedics and Related Research®, 470(4), 1133-1143. [3] Le, H. V., Lee, S. J., Nazarian, A., & Rodriguez, E. K. (2017). Adhesive capsulitis of the shoulder: review of pathophysiology and current clinical treatments. Shoulder & elbow, 9(2), 75-84. [4] Neviaser, R. J., & Neviaser, T. J. (1987). The frozen shoulder. Diagnosis and management. 1 : Pandey V, Madi S. Clinical Guidelines in the Management of Frozen Shoulder: An Update! Indian J Orthop. 2021 Feb 1;55(2):299-309. doi: 10.1007/s43465-021-00351-3. PMID: 33912325; PMCID: PMC8046676. 2 : Cavallery E, Servadio A, Berardi A, Tofani M, Galeoto G. The Effectiveness of Physiotherapy in Idiopathic or Primary Frozen Shoulder : a Systematic Review and Meta Analysis. Muscles, Ligaments and Tendons Journal 2020;10 (1). Doi : 10.32098/mltj.01.2020.04[:]